avril 28, 2024

Rentrée dès le 20 août pour élèves en difficulté : Proposition étonnante d’Emmanuel Macron

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Une proposition détonante de la part du Président avant la rentrée. Ce jeudi, lors d’une entrevue avec Le Point, Emmanuel Macron a abordé le sujet explosif des rythmes scolaires, un défi sur lequel le gouvernement Hollande avait déjà échoué. Cependant, le chef de l’État a émis le vœu que les élèves « nécessiteux » puissent retourner à l’école « dès le 20 août » pour des séances de « rattrapage ».

Cette idée s’appuie sur un mécanisme déjà existant : les stages de réussite, offerts pendant les petites vacances ou avant la rentrée, destinés aux élèves en difficulté afin de combler leurs lacunes dans les matières principales. Selon le ministère de l’Éducation, au cours de l’année scolaire 2021-2022, 8 020 établissements primaires et secondaires ont organisé ces stages, mobilisant 15 576 enseignants, au profit de plus de 150 000 élèves. Le président envisage ainsi d’accueillir un plus grand nombre d’élèves avant l’été.

Cependant, cette proposition soulève des inquiétudes du côté des enseignants. D’abord, une généralisation de ce système à tous les élèves en difficulté semble difficilement réalisable sur le terrain. À l’heure actuelle, les élèves participant à ces stages le font sur une base volontaire. « Nous ne pouvons pas les contraindre à y participer, car les lois sur la scolarité obligatoire ne couvrent pas ce type de dispositif », rappelle Elisabeth Allain-Moreno, secrétaire générale du SE-Unsa. En outre, certaines familles refusent que leurs enfants y prennent part, arguant que cela perturberait leurs vacances.

Du point de vue logistique, il y a également des défis à relever. « Les écoles accueillent déjà les centres de loisirs en été », souligne Guislaine David, secrétaire générale de la FSU-Snuipp. Trouver suffisamment d’enseignants pour superviser ces sessions de soutien s’avère également compliqué. Bien que l’idée de revenus supplémentaires soit bien accueillie, se libérer à la fin d’août n’est pas toujours aisé pour les enseignants, surtout lorsqu’ils doivent préparer leurs cours pour la rentrée. En outre, il est difficile d’imaginer des élèves travailler pendant une période de canicule dans des salles qui ne sont pas bien isolées et ventilées pour les protéger de la chaleur.

« Ces stages ressemblent à une forme de sanction », commente Guislaine David. Les freins à l’extension de ces stages de prérentrée sont également psychologiques. « Ce dispositif stigmatise les élèves en difficulté, qui ont droit aux vacances comme les autres. Ces stages sont comme une forme de punition », estime Guislaine David. Elisabeth Allain-Moreno partage cet avis en soulignant que « les pointer du doigt de cette manière ne contribue pas à renforcer leur confiance en eux, élément crucial pour leur réussite ». Les syndicats enseignants se questionnent également sur l’état de fatigue de ces élèves juste avant la période de la Toussaint, après avoir fourni un effort intensif dès la fin de l’été.

L’efficacité pédagogique de ces stages de réussite suscite également des interrogations. « Ils sont efficaces pour résoudre des problèmes scolaires temporaires, mais pas pour des lacunes majeures. D’ailleurs, s’ils fonctionnaient aussi bien, nous n’aurions pas autant d’élèves en difficulté en entrant en sixième », observe Guislaine David. Plutôt que de tels ajustements ponctuels, les enseignants réclament des solutions plus durables. « Pour lutter contre les difficultés scolaires, il est surtout nécessaire de réduire la taille des classes et d’augmenter le nombre de Rased (enseignants spécialisés dans la prise en charge des élèves en difficulté) », estime Elisabeth Allain-Moreno. Le nouveau ministre de l’Éducation, Gabriel Attal, visitera ce vendredi un stage de réussite à Torcy, ce qui sera l’occasion pour lui de préciser les détails du projet d’extension de ce dispositif.